Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/27

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Vers ce temps, papa n’eut plus sa montre et, partant, plus de chaîne. Aussitôt après, il survint autre chose. Je m’étais faufilé dans le salon : « Voilà, j’ai des lunettes, je plisse le front, j’ouvre un livre, je lis comme papa. » C’est un jeu très amusant. Si les caractères, sont muets, les images parlent : « Moi, je suis un lion ; moi, un ours ; moi, la cheminée d’une maison dont la cheminée fume. » Grâce à elles, pas de danger que l’on tienne son livre la tête en bas. J’avais choisi le fauteuil le plus profond, celui d’où l’on chassait Minou-Chat quand il pensait seulement à s’y faire les griffes. Cela encore, c’était comme papa. Ah ! si j’avais osé chiper une de ses cigarettes ! Mais peut-être un crayon, en suçant bien…

On entra : papa, un Monsieur, maman.

— Lève-toi, petit.

— C’est que je lis, papa.

Les parents ne comprennent pas cela :

— Lève-toi quand même.

Il fallut bien. D’ailleurs ce fut encore amusant, car le Monsieur connaissait tous les tours que l’on peut exécuter avec un fauteuil. Il enfonça d’abord les poings dans le siège. Il l’attrapa par le dossier, le planta sur un pied et le fit tourner comme une toupie. Il le fit tourner, de même, sur un autre pied. Ayant tiré de sa poche un verre qui ressemblait à