Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/262

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raison. Un guet-apens ! Depuis longtemps Dupéché avait combiné son coup. « Moi, à ta place… Chacun son tour… À charge de revanche… » Sa Louise poussée dans mes bras, son désir de voir Jeanne, la comédie de cette noce, son insistance pour qu’elle y vînt, eh oui ! pas à pas, il en était arrivé à ce qu’il voulait : s’isoler avec elle, lui proposer Dieu sait quoi, qu’elle avait refusé d’abord, puis accepté. Et un Dupéché que pouvait-il proposer, sinon une infamie ? Mais moi alors, j’avais été bête ! Je n’aurais pas dû partir. Mon devoir ? Défendre Jeanne… Eh bien non, je n’étais pas un lâche, je retournerais là-bas, je…

Je ne bougeai pas. Deux i sifflaient dans mes oreilles : hiiii… Et puis comment cela se faisait-il ? Tantôt je m’étais appuyé contre un mur, maintenant je sentais dans mon dos un tronc d’arbre. Il y avait des arbres par centaines. Devant moi, derrière moi, à gauche, à droite. Ils semblaient s’être groupés en silence, pendant que je réfléchissais. Quelque chose dans leur attitude me rappelait les danseurs au repos quand le pianiste s’arrêtait. Et plus de maisons, plus de rues, plus de gens : une vraie forêt. « Mon pauvre Marcel, te voilà bien : tu t’es égaré. » Au fond, je me rendais compte. En si peu de