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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/29

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« C’est du pur Lou… » ? Je commençais à pressentir quelque chose. Quand je n’aimais pas certaine soupe, on me forçait et j’avalais avec des grimaces. Maintenant papa faisait aussi la grimace. Ce qui lui arrivait était donc pire qu’une mauvaise soupe ? Pire pour lui, pire pour maman, pire pour moi. Je l’interrogeais. Je l’ai dit : on ne m’expliquait rien.

— Ne t’inquiète pas. Ce sont des soucis.

Des soucis, des souris, des sourcils ? Je m’inquiétais davantage.

À la fin, à force de s’en aller, il resta si peu de meubles qu’on put les entasser dans une charrette. Ah ! oui, certains appartements sont grands, puisque le nouveau était petit. Deux fenêtres, plus de parc : une cour. Le jour pris par une maison qui nous tournait le dos. C’est là que je connus la mallette de papa. Et toujours son air de pur Lou… Que s’était-il passé ? Quand il rentrait le soir, je tâchais de savoir. On dînait vite, sans bonne, sans Minou-Chat, sans Toto-Chien. Papa presque aussitôt reculait sa chaise, mettait les coudes aux genoux et regardait un coin par terre :

— Ah ! mon Dieu, oui…

Maman regardait le même coin.

— Ah ! mon Dieu, non.