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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/28

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un verre de montre, il le colla devant son œil et, avec de curieuses grimaces, examina les bras, tout le long. Il dit quelque chose à papa et papa ne dit rien. Il dit autre chose et papa roula de gros yeux. À cet instant, maman m’entraîna vers la porte. Ce fut dommage, car papa commençait à crier :

— Comment ! Mais c’est du pur Lou…

Jamais, je n’avais vu mon papa si furieux. Le Monsieur m’avait bien amusé. Je ne revis plus le fauteuil qui était du pur Lou…

Dans une autre pièce, un grand lustre descendait du plafond. J’avais même failli le décrocher, parce qu’en hissant une chaise sur la table, on atteignait ses morceaux de verre qui tintaient et vous mettaient dans l’œil, leurs belles couleurs. Un jour, mon père le montra à un Monsieur. Cette fois, il dit :

— Autant toi qu’un autre…

Le lendemain, le lustre était parti et avec lui, les meubles qui lui tenaient compagnie. Il ne restait qu’un seul morceau de verre balayé dans un coin. Je le cachai dans ma poche.

Et cela continua : un jour, un buffet ; un jour, une pendule. Pourquoi ces objets s’en allaient-ils ? Pourquoi sur le front de mon père ce vilain pli qu’il avait pris en disant :