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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/31

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III



L’île Saint-Louis est vraiment une île. On peut en faire le tour : partout de l’eau. Mais pourquoi, puisque c’était une île, y avait-il tant de ponts ? Nous habitions par là. À cause de son nom, j’aimais beaucoup le Pont-Marie. Qui était cette Marie ? J’avais trouvé je ne sais quel rapport entre les sourcils de Marie et les arches de son pont. Mais alors, elle devait être grande ! Et son corps long ! Long comme toute l’eau, le long de l’île. D’ailleurs on ne le voyait pas ; l’eau était trop noire. Les reflets des maisons et des arbres n’y descendaient pas en profondeur, mais s’étalaient à la surface, sans couleurs, parce que le soleil n’y parvenait pas. De l’autre côté, au contraire, il jetait en plein ses rayons qui continuaient à flotter en mille morceaux sur les vagues.

J’ai longtemps connu là une vieille dame qui venait se chauffer sur un banc. Son menton tremblait, son ombrelle tremblait, ses