Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/77

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au poignet, la voilà sur l’épaule, la voilà… » Elle arriva sur la poitrine et s’attarda. Mon cœur battait fort. Où irait-elle, après ? J’attendis. Cela ne bougeait plus. C’était doux, un peu effrayant. Je ne pensai plus à rien. Mes yeux étaient fermés. J’aurais voulu que cela durât toujours.

— Tu m’entends ? Tu dors ?

J’entendais. Je ne répondis plus.

La chose arriva au petit jour. Une pointe de soleil forçait le volet. Tante n’était plus là. Tout à coup :

— Le diable, mes enfants… Le péché… L’œuvre de la chair… Faire pleurer les anges.

J’entendis ces mots aussi nettement que si on me les eût criés la bouche contre l’oreille. Je ne sais si je devins blanc ou rouge. Je me cachai sous mes couvertures. La voix m’y suivit :

— Le diable !… Le péché… L’œuvre de la chair…

Ah ! oui, l’œuvre de la chair ! J’avais commis le grand péché. Et pas moyen cette fois de douter. Je l’avais commis de mon plein gré, avec complaisance. Mes autres fautes, le confesseur avait peut-être raison : pas d’importance. Mais avant-hier, hier, cette nuit, j’avais provoqué tout, accepté tout, j’avais