Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait pleurer les anges, souillé mon âme, souillé ah ! souillé l’âme de Varia ?

Ceci me tourmenta plus que le reste. Je n’osai rien dire. Dans le courant de la journée, Varia s’occupa comme si de rien n’était. L’après-midi on n’alla pas sous l’arbre. Je la regardais : « A-t-elle des remords ? » Quand ses yeux étaient noirs, elle m’en voulait. Bleus, elle était triste. Mais non ! Je ne voulais pas qu’elle fût triste. J’étais seul coupable, moi qui l’avais touchée, moi qui l’avais tentée. Et si la mort nous envoyait en cet état devant le Juge ! Je pensai à la confession : pour elle, pour moi…

La journée se passa. Malgré mes craintes, le soir, quand on se fut couché, j’attendis quelque chose. Si Varia remuait les allumettes. Si Varia m’appelait. Si… Au réveil, je ne m’en sentis que plus coupable. Je repensai à la confession. Sans avoir l’air, je parlai de l’oncle, des boyards, des isbas, puis tout naturellement de mon âme, de la première communion.

— À propos, je voudrais bien me confesser un de ces jours. Et vous, Varia ?

Elle eut, me parut-il, un regard irrité :

— Te confesser ? Pourquoi.

Elle ne voulait pas. Cela me suffit. Je m’efforçai de sourire :