autour des choses qui n’ont pas de couleurs ; on ne voit que du gris et la vie semble un peu triste, parce qu’après ce long hiver, le soleil ferait bien de sortir et que d’un matin à l’autre ce n’est jamais lui.
— Oh ! ce brouillard ! fait Marie.
— Oui, Marie, mais, derrière, il est là, tu sais, le soleil. Moi, je le devine ; il est en train de fourbir ses cuivres ; un de ces jours tu le verras flamber avec tous ses rayons remis à neuf… Voici Pâques bientôt.
— Oui, Pâques, réfléchit Marie… Demain, mercredi des cendres… Il faudra que j’aille à la messe.
— Oh ! oh ! et M. le curé te mettra sur le front une belle croix de cendre.
— Peuh ! dit Marie, cela n’est pas amusant.
— Pas amusant, Marie ? Tout est amusant. Ainsi cette petite croix, si tu essayais de la garder sur le front jusque l’année prochaine, voilà qui serait drôle.
— Tu plaisantes, dit Marie. D’ailleurs, comment voudrais-tu que je me lave ? En ville, on s’amusait mieux. Rappelle-toi le dernier carnaval ; nous avons dansé, tu portais un faux nez, tu faisais le fou…
— La bête, Marie… Tu te souviens : le lendemain, quelle migraine !
— C’était bon quand même…
— Marie… Marie… le carnaval te fait regretter la ville.
— Oui, avoue Marie, aujourd’hui je suis triste : mais cela ne doit pas te fâcher.
— Me fâcher, Marie ! Au contraire. Tiens ! puisque tu y penses, nous allons fêter le carnaval. Ce soir je m’entortillerai dans un drap ; tu m’appelleras « Beau masque » ; je t’intriguerai : « Je vous connais, Madame. »
— Ce n’est pas la même chose, dit Marie.
— Alors veux-tu que je te chante, que je danse devant toi. Je me mettrai tout nu si ça te plaît.
— Ce n’est pas ça, fait Marie.
— Si grave ?… Alors… si nous faisions des crêpes.
— Si tu veux, dit Marie.
— Oui, mais, Marie, nous n’en ferions pas qu’une poignée,