— Non, dit Marie, dimanche je n’étais pas bien. J’ai raté ma messe.
— Et vous ?
Mais il ne me plaît pas de répondre que si je vais à la messe, e n’est pas à l’église du village.
— C’est dommage, fait-il. Si vous aviez été, vous auriez su que je devais venir. M. le curé l’a annoncé. Je viens chaque année : on me donne ce qu’on veut ; en retour c’est moi qui prêche la retraite.
Il nous explique cela simplement, comme à des gens qui savent ce que l’on doit aux ministres de Dieu et qui n’y manqueront pas, puisqu’au surplus ils sont à manger une si bonne salade. Il y goutte de l’œil de temps en temps et quand il a fini, son regard y reste planté, droit comme une fourchette.
— Donnez, dit-il, ce que vous voudrez : un franc, deux francs ; ce sera jusqu’à l’année prochaine.
Déjà Marie se levait pour chercher sa bourse… Pourquoi, subitement emporté, ai-je dit : « Rassieds-toi, Marie, » et mis à la porte, comme un chien, ce brave homme qui avait bien le droit d’apprécier ma salade ?
a truculente Johanna, qui avait des joues si roses, est morte pendant la nuit.
On a planté devant sa ferme une croix de paille en attendant celle en bois que le bedeau apportera tout à l’heure de l’église.
C’est Phrasie, ma propriétaire, qui m’annonce la nouvelle. Elle a lavé le corps, comme elle le ferait pour moi si je venais à mourir, et depuis le matin, elle trotte à travers les bruyères, d’une ferme à l’autre, pour avertir les voisins.
— Quel grand malheur ! dis-je à Phrasie. Et son pauvre Guido, que va-t-il faire ?
— Songez donc, répond Phrasie ; toute une étable à soigner : quatre vaches, un bœuf et un veau.