Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/137

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cents francs en caisse, nous avons un bourgmestre qui est baron, mais nous n’avons pas de mur pour protéger nos morts. Voyons, ai-je dit, Monsieur le baron, est-il convenable de refuser aux trépassés qui ont été des hommes ou des femmes, ce que l’on donne comme abri au moindre cochon, quand il vit ? Vous, ai-je dit, Monsieur le baron, vous avez autour de votre château un mur, et non seulement vous avez un mur, mais, devant ce mur vous avez une haie et devant cette haie, vous avez un fossé rempli d’eau. Ce n’est pas chez vous, ai-je dit, Monsieur le baron, que les chiens entreront sans sonner à la porte. Mais votre tour viendra, ou ce sera Mme la baronne. Vous n’aurez plus votre mur, votre haie, votre fossé ; vous serez au cimetière et alors, si vous avez refusé mon mur, que direz-vous, ai-je dit, Monsieur le baron, quand le chien qui a pissé sur ma Trees viendra chier sur la vôtre ? »

Je ne sais si depuis, Vader n’a pas ajouté quelques mots. Mais le mur fut bâti. Il y a trente ans. Il est toujours là. On peut le voir : haut, massif, en briques un peu frustes, comme les arguments qui l’ont créé.

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