— Bien, mon enfant, continuez.
— Mon père, je vous raconterai ma vie à longs traits ; c’est celle d’un grand pécheur. Mais je me repens… c’est bien, cela, n’est-ce pas ?
— Continuez, dit simplement le père.
— Ce pécheur a blasphémé, menti, négligé ses messes le dimanche, usé de viande le vendredi, enseigné des choses impures à une jeune fille.
— Mon enfant, dit le père, vous allez beaucoup trop vite. Pour vous absoudre, je dois peser séparément chacune de vos fautes. Vous me dites avoir blasphémé… Combien de fois ?
— Je ne sais plus… Quand j’étais en colère…
— Tâchez de vous souvenir. Est-ce bien mille fois ?…
— Heu… Oui, c’est ça, mille fois, mon père, plus ou moins…
— Et les messes que vous avez manquées ?
— Oh ! beaucoup. Des fois j’y allais en semaine et pas le dimanche, d’autrefois le contraire, d’autres fois pas du tout. Mais maintenant je vais presque tous les jours. C’est bien, n’est-ce pas, mon père ?
— Dites simplement celles que vous avez manquées, fait le père.
— Eh bien, mille fois, mon père, plus ou moins. Et autant pour la viande du vendredi. Quant aux mensonges, dix mille fois… Plus ou moins, bien entendu.
— Bien, mon enfant. Et cette jeune fille, à laquelle vous enseigniez le péché d’impureté, combien de fois ?
— Je ne sais plus…
— Tâchez de vous souvenir. Je vais vous aider. Cela n’a été qu’une fois ?
— Plus, mon père… Par semaine trois ou quatre fois. Et il y en avait d’autres.
— D’autres, mon enfant ? Et à celles-là aussi vous enseigniez le péché d’impureté ?
J’oublie presque où je suis :
— Sincèrement, mon père, il ne m’est pas possible de préciser. Pourtant, je crois que certaines en savaient plus que moi…
Pour la première fois, le père sort la figure de son mouchoir.