Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/172

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Peut-être reconnaît-il ce M. Baillon qui est venu dans la contrée pour élever des poules.

— Ce que vous dites là, souffle-t-il, est très laid. Par mes études, je savais que ces choses existaient et j’ai failli tout laisser là pour ne pas en apprendre davantage.

Rien que ces mots. Et me voilà beaucoup moins fier.

— Pardon, mon père, je comprends à présent. D’ailleurs, je vois que je m’embrouille, voulez-vous m’aider un peu ?

Humblement cette fois, je nie laisse interroger sur mes autres fautes, dont je tâche de préciser la gravité et le nombre.

Puis le père :

— Êtes-vous marié ?

— Oui.

— Vous êtes fidèle ?

— En action, mon père.

— Et en pensée ?

— Pas toujours.

— Vous n’avez pas pris le bien du voisin ?

— Non.

— Vous ne l’avez pas convoité ?

Mais à mesure qu’il m’interroge il me vient d’autres fautes, plus subtiles, auxquelles ce brave homme ne songera pas et qu’il faut cependant que je dise pour que cette confession ne rate pas comme les autres.

— Mon père, j’avais autrefois de la fortune : je l’ai gaspillée ; c’est mal, n’est-ce pas, d’abuser ainsi des dons de Dieu ?

— Il ne vous a pas trop puni, puisqu’il vous a fait la grâce d’être pauvre.

— Et puis, mon père, les pensées qui me viennent, peut-être sans que je le veuille et si rapides que je n’ai pas le temps de savoir si je m’y complais. Faut-il les compter ?

— Mon enfant, soyez simple…

— Oui, mon père ; cependant quand j’y pense, je crois qu’au début de cette confession, je faisais encore fausse route. Ainsi je vous ai dit que j’enseignais le péché d’impureté, trois ou quatre fois par semaine à une jeune fille, mais ce n’est pas exact. Au bout de quelques leçons je n’enseignais plus, puisqu’elle savait. Quant à mes messes du dimanche, mes viandes