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Impartiale, l’église se tient au milieu : son ombre tourne de l’un à l’autre. Pourtant grâce au soleil, ceux qui sont au midi ont plus d’herbe que ceux du nord. Mais en dessous ce doit être la même chose.

Il n’y a pas d’hôpital. Si l’on tombait malade et que ce fût grave, il faudrait se faire transporter en train jusqu’à la ville. Quelle affaire ! Autant ne pas être malade ou bien crever tout de suite.

Le Couvent des Trappistes.

Jusqu’au fond des bois, sa cloche vient vous tirer par l’oreille. Autrefois le couvent était vieux. Le vent entrait à la chapelle souffler les cierges sous le nez du bon Dieu ; au réfectoire, des grenouilles nageaient vivantes dans les cruches des pères, mais on se sentait chez des Trappistes.

Un architecte y a mis bon ordre. Il a fait un plan, il a démoli ce qu’il y avait de beau et dressé à la place une caserne gothique. Heureusement, il n’a pas touché aux bons moines.

L’ensemble est plutôt laid, — si austère cependant entre ses douves sur le fond pieux des sapins, que, vraiment non, on ne pourrait mettre autre chose dans le paysage.

La maison communale.

Une grande salle où le secrétaire qui fait tout, s’étonne quand il doit faire quelque chose. Le fond de la pièce est tenu par une bibliothèque. C’est un cadeau de feu M. le baron qui, de son vivant, administra le village. Le meuble est très grand. Un jour, j’en ai vu tirer un livre : le registre de l’état civil. Il n’y avait que lui, mais il était très gros.

L’école.

Autrefois les Trappistes tenaient une école. Les enfants y allaient à contre-cœur parce que le frère, faute d’expérience, leur tirait les oreilles. Maintenant, c’est l’instituteur diplômé qui leur tire les oreilles.