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Il a lu tous mes Balzac :

— Ce que j’aime dans Balzac, dit Fons, ce sont les paysans.

— Et ceux de Zola, Fons ?

— Peuh ! fait Fons.

Quand Fons parle à Benooi, il dit : « Garçon. » — « Garçon, » répond Benooi. Pour Mélanie, « Garçon » serait faux, et « Fille » peut-être indécent. Elle reste « Mélanie ».

Mélanie dit tantôt « Garçon », tantôt « Fons », ou « Benooi ». Mais il y a une différence. Elle ne dirait pas à « Garçon » ce qu’elle confie à « Fons ».

L’un de l’autre devant les étrangers ils disent « notre Fons », « notre Benooi », « notre Mélanie. »

C’est doux comme des frères qui s’embrassent.

La cuisine.

Dans la cuisine où ils mangent :

— Regarde, dit Marie, ces cendres sur le pavé ; c’est sale.

— On a fait un grand feu, Marie.

— Et sur les chaises, tous ces sacs de farine…

— Benooi va cuire le pain, Marie.

— Il y fait noir.

— C’est la faute à l’auvent qui chipe le jour de la fenêtre.

— Cela pue la vache.

— Elles sont à côté, Marie.

— Et ce plafond qui sème son poivre dans les assiettes.

— Il est vieux, Marie.

— N’importe, dit Marie, je ne comprends pas comment ils peuvent manger dans cette cuisine.

— Ils ont faim, Marie.

Repos.

Pour dormir, les Baerkaelens ont chacun leur réduit. Ils l’appellent une chambre et en effet, sans compter les murs, les planchers, les portes, il reste un peu de place pour une chaise et le lit. Chacun a la sienne dans la partie de la ferme dont