— Toi, Marie, fiche-moi la paix. Quand tu te mêleras encore, de m’envoyer au diable, derrière une roulotte !…
Mauvaise journée : Marie retient sa langue.
Le lendemain, Marie, qui s’est levée trois fois, sort de son lit pour de bon. Je me réveille.
— Bonjour, fait-elle, tu as bien dormi ?
— Moi, Marie, pas fermé l’œil.
Et je m’habille au plus vite, parce que Spitz pourrait être revenu pendant la nuit.
Comme d’habitude, je lui prépare ses tranches de seigle et fais avec son écuelle le bruit du déjeuner qu’il connaît bien. J’appelle :
— Spitz ! Spitz !
Mais pas plus de Spitz que hier, ni aussi loin que je puisse voir, ni dans la bruyère où je lance Fox, ni même au village où, comme par hasard, je vais dire bonjour à François, son ancien maître.
Marie, qui me voit triste, n’ose rien dire.
À midi, sans grand espoir, je retourne à la niche.
Et qu’est-ce que je vois ? Sous ma meule de bois, des branches qui bougent, un museau qui sort, Spitz qui pousse la tête, Spitz tout entier, mais un Spitz coupable, un vagabond qui n’a pas été volé et rentre honteux d’avoir fait de la peine à son maître. Ah ! le rossard, ce qu’il va me payer ça.
Un bâton que je ramasse ne me paraît pas assez lourd, je soulève une bûche.
Spitz arrive en rampant, avec de petits signes dans la queue pour que je pardonne. À trois pas, il se couche et ventre à l’air, attend que je frappe.
Mais je veux qu’il vienne tout près, à mes pieds.
— Ici, Spitz… ici.
Je lui montre la place avec ma bûche et quand il y est, Spitz me saute aux épaules et j’embrasse de tout cœur mon bon chien.
Longtemps après :
— Marie, quand tu auras une minute, viens donc voir, j’ai retrouvé Spitz !