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Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/78

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Snobs.

Un jour, chez Baerkaelens, un amateur découvre à Spitz des qualités nouvelles. Il aurait, notamment dans le creux du poitrail et le gras de la cuisse, quelque chose de très beau :

— Là et là, vous voyez ?

En vérité, je ne vois rien, mais les amateurs, paraît-il, s’en aperçoivent tout de suite.

Depuis, à l’auberge, Vader, qui ne voudrait pas ne pas s’y connaître, Benooi, quand il ne trouve rien à dire, et Fons pour autant qu’il ne rêve pas à la chasse, parlent à tout venant de mon Spitz, et il n’est guère de citadins, ayant passé chez eux, qui ne sache, au moins par réputation, qu’il existe dans la contrée un certain M. Baillon dont le chien est un sujet remarquable.

Quelquefois je rencontre de ces gens. Au premier coup d’œil, ils devinent le chien de M. Baillon. Ils se disent avec respect : « Voilà le chien de M. Baillon » et, l’appelant près d’eux, le palpent, tâtent par devant, étudient par derrière comment est fait le chien de M. Baillon.

Heureux d’être peloté, Spitz fait risette. Moi, j’attends qu’on finisse. Est-ce que je compte ? Timide, obscur, effacé, en sabots, je suis simplement le maître du chien de M. Baillon !

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