Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/15

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si une démonstration évidente n’en donnait la preuve, que, pour acquitter les deux millions que produisaient les tailles sous Charles VII, il en coûtait aux campagnes une quantité de denrées qui, échangées contre des espèces, produirait aujourd’hui plus de cinquante-cinq millions de francs. C'était donc bien réellement une richesse représentative de cinquante-cinq de nos millions, que la taille seule enlevait à l’agriculture, et cela, dans un temps où la France, à peine délivrée des dévastations et de tous les maux inséparables de l’occupation étrangère, n’avait de territoire que les deux tiers environ de ce qu’elle possède aujourd’hui.

Voilà les rapprochements qu’il est intéressant et utile de faire en s’occupant de recherches sur les impositions, et de leur influence sur le sort des peuples. C’est dans la vue d’établir, pour chaque règne, de semblables, rapprochements, et de les appuyer de démonstrations positives, que l'ouvrage est accompagné d’un Tableau présentant : 1° la valeur réelle de la livre tournois, d’après la quantité de blé qu’elle pouvait payer; 2° la comparaison de cette valeur avec celle du franc actuel. Au moyen de ce tableau, tout lecteur peut aisément se rendre compte de ce que représente réellement de nos jours une somme quelconque du temps antérieur. Les variations fréquentes et subites qu’éprouvait le prix des