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cessaires pour se mettre en possession d’une couronne qui lui était disputée ; le désir d’obtenir ces moyens de conquête devint le mobile de toutes ses actions[1].

Déjà maître de l’argenterie, des joyaux de la couronne et des meubles précieux, il fit de leur conservation l’une des conditions d’un arrangement avec ses frères, qui se disposaient à lui disputer le gouvernement à main armée. Ce larcin n’était que le prélude d’une autre spoliation que méditait le duc[2].

Pendant que la cour se rendait à Rheims pour le sacre du jeune Charles VI, le régent va à Melun, où l’on savait qu’était déposé le trésor. Arrivé au château, par l’appareil des tortures il contraint Savoisy, confident de Charles V, à lui indiquer le lieu du dépôt : c’était une muraille épaisse dans laquelle étaient scellés des lingots d’or et d’argent. Le duc la fait démolir ; les espèces, chargées sur des voitures qu’il tenait prêtes, sont transportées dans ses domaines ; puis il va rejoindre la cour à Rheims[3].

La connaissance de ce vol acheva d’irriter les esprits, qu’avait mécontentés une imposition sur les menues denrées vendues dans les marchés, et dont le même duc d’Anjou avait arrêté le tarif. Des mouvements eurent lieu dans quelques provinces et à Paris. Au retour du roi dans la capitale, les habitants se refusèrent à payer les impôts dont l’abolition, promise par Charles V,

  1. Ordon. du Louvre, t. 6, p. 48, et préface, p. xij. — Mézerari.- Anquetil.
  2. Chronique de Froissard, t. 2. — Ordon. du Louvre, t. 6, p. xiij.
  3. Ordon. du Louvre, t.6, préface, p. xiv.