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avait été annoncée à la cérémonie de sacre ; mais les maîtres du gouvernement, qui avaient détourné les fonds de l’épargne, ne se montraient pas disposés à remplir les dernières volontés du roi défunt. Le peuple attroupé éclate en murmures et se rend en foule à une assemblée de la bourgeoisie, que le prévôt des marchands avait convoquée au parlouer aux bourgeois. Un artisan harangue l’assemblée : déplorant son sort et celui de ses compagnons, réduits à la misère par l’accumulation des taxes, il peint le luxe des traitants, le faste et les déprédations des princes et des seigneurs, qu’il nomme sans ménagement ; puis, apostrophant les bourgeois qui étaient présents, il leur reproche leur insouciance et leur lâcheté et cite l’exemple des Gantois, qui, dans ce moment, combattaient contre leur duc pour se délivrer des impôts arbitraires. La populace émue force le prévôt des marchands de la conduire au palais, et, par ses clameurs, obtient une audience du duc d’Anjou. Dans un discours plein de ménagements, le magistrat expose l’état des choses, et, demandant que les impôts établis par Charles V soient supprimés sans délai, il termine en déclarant que le peuple est dans l’impuissance de les supporter, et prêt à tout sacrifier pour s’en affranchir. Une réponse du prince, et celle-qu’y ajouta le chancelier de France, calmèrent les mutins en leur donnant des espérances que le lendemain vit réaliser.

Ce jour, en effet, parut une ordonnance prononçant « l’abolition et mise au neant de tous aydes et subsides quelconques qui, pour le faict des guerres, ont esté imposez, cueilliz et levez de puis le roi Philippe-le-Bel, jusqu’au jour d’ici, soient fouages, imposi-