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ses armes, et par la terreur des supplices, marqua le terme de l’influence féodale sur le gouvernement monarchique, et soumit les seigneurs à l’autorité souveraine, sut aussi plier le peuple au joug des tributs arbitraires, mais par des moyens plus variés que ceux qu’il employa contre la noblesse.

Lors de son couronnement, Louis XI avait fait espérer aux habitants de Reims une diminution des impôts. La promesse ayant été sans effet, les bourgeois se soulevèrent au sujet de la gabelle, tuèrent plusieurs commis, et pillèrent les bureaux. Quatre-vingts bourgeois des plus coupables eurent la tête tranchée. Plus tard, lorsque les princes ligués menaçaient Paris, on a vu le roi supprimer la plupart des taxes dont se plaignaient la capitale et ses faubourgs[1].

Dans la suite, en même temps qu’il ajoutait à l’impôt le plus à charge aux campagnes, le roi les protégeait contre les seigneurs, en privant ceux-ci du droit de chasse. Il tâchait, mais inutilement, de réprimer le brigandage des gens de guerre par des règlements sur la discipline ; et, ce qui n’était pas moins funeste aux taillables, il les laissait livrés à tout l’arbitraire des agents du fisc, et à la rigueur des contraintes. Il favorisait les communes en étendant leurs privilèges, et le commerce intérieur par l’établissement de foires et de marchés ; il flattait la bourgeoisie en multipliant la distributions des lettres de noblesse ; il faisait revoir, étendre et améliorer les statuts des métiers ; en donnait à

  1. Comptes de Mallet, p. 6.