Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/21

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Cet accord unanime des parties du globe les plus éloignées entre elles, dans l'établissement des tributs, est un aveu bien puissant de la légitimité des contributions publiques, et de la nécessité d’obtenir du concours de tous les citoyens les ressources indispensables au chef de tout gouvernement pour repousser les agressions étrangères et assurer la tranquillité intérieure. Ce principe conservateur des états a été de tout temps universellement reconnu; mais, chez les peuples anciens comme chez les peuples modernes, l’application n’en a pas toujours été réglée conformément aux lois de la prudence et de l’équité.

Les républiques de la Grèce et l’empire romain, dans l’ancien monde, et, dans le nouveau, l’empire du Mexique, fourniraient de nombreux exemples de l’excès et de l’inégalité dans les charges imposées aux peuples; mais, devant borner nos recherches au sol de la France, nous trouverons, dans le petit nombre de témoignages parvenus jusqu’à nous, des preuves suffisantes de la malheureuse condition où l’excès des tributs a réduit les habitants. de ces contrées dans les temps les plus éloignés.

A l’époque de la conquête des Gaules, César trouva la population divisée en trois classes : druides, chevaliers ou nobles, et peuple. Les premiers, dévouée au sacerdoce, ne payaient point d’impôts; ils étaient exempts de toutes charges publiques. La défense du pays était confiée aux nobles. Le peuple, réduit à un état voisin de la servitude, ne prenait part à aucune affaire et n’avait pas entrée dans les assemblées. Telle était la rigueur de sa condition, qu’un grand nombre de Gaulois,