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princes éleva à la couronne impériale, à une époque où Charles ne pouvait encore être accusé de l’ambitieux projet d’une monarchie universelle ; de là aussi l’accroissement rapide et disproportionné des impôts publics ; sans atténuation des tributs que prélevaient l’Église et les seigneurs ; de là les emprunts, la vénalité et la création démesurée des offices, les attributions de gages, l’exemption des impôts, privilège réservé uniquement dans l’origine de la noblesse guerrière ; enfin, l’aliénation des revenus de l’état, et les autres opérations bursales, qui, ajoutant indirectement aux charges existantes, condamnaient les générations futures à supporter la peine des erreurs de l’administration. Ces erreurs cependant n’eussent pas été commises, si le pouvoir d’imposer, vers lequel marchait la royauté, eût été balancé par un contre-poids dans l’ordre politique. Les états-généraux offraient ce contre-poids ; mais précisément pendant cette même période s’était affermi l’usage de ne plus consulter ces assemblées générales des trois ordres de la nation, au sujet des tributs qu’on exigeait d’elle.

Ce qui n’est pas moins digne d’observation, c’est que, dans le même temps encore, le droit précieux de concourir à la discussion et au consentement des impôts se consolidait dans les parties du royaume qui l’avaient acquis par des exceptions résultant moins de la volonté des rois que d’obligations dictées par des circonstances dont il a été rendu compte. Ces provinces ne négligèrent pas le tenue de leurs états particuliers. Ces assemblées, auxquelles participaient les trois ordres, non seulement se maintinrent dans l’exercice d’une surveillance utile aux contribuables sur la répartition et le recou-