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vrement ses impôts, mais elles résistèrent aux innovations qui portaient atteinte à leurs privilèges. Dans le Languedoc, au moment où François Iermultiplia pour les vendre les places de finances, les états s’opposèrent à l’établissement des élus royaux. Plus tard, dans cette même province et en Bretagne, lorsque la somme demandée par la couronne excédait la proportion ordinaire, les députés élevaient leurs représentations jusqu’au trône, et on les vit plusieurs fois apporter des réductions aux demandes qui leur étaient faites.

Dans les pays d’états ; chaque année des commissaires envoyés par le roi annonçaient à la province la somme pour laquelle elle devait contribuer aux dépenses générales ; et, dans la délibération prise par les trois ordres, il était stipulé qu’ils « octroyaient et accordaient libéralement ladite somme au roi leur prince et seigneur, et sans conséquence. » Cette formule, et la réserve qu’elle contenait pour l’avenir, annoncent à la fois que les états-provinciaux n’avaient pas la prétention de faire, dans la contribution accordée, un don purement libre et volontaire ; mais qu’en reconnaissant, dans l’établissement dés impôts, l’obligation de concourir à la défense du pays et au maintien du gouvernement, la province possédait la liberté d’examiner et de discuter ce qui lui était demandé, et l’avantage de stipuler, en l’accordant, le maintien de ses privilèges et des formes de son ancienne administration.

La population des pays d’états retirait de nombreux avantages de cette forme protectrice. Dans ces provinces, éclairées par la continuelle discussion des affaires, les exemptions d’impôts se réduisaient à un petit nombre de privilégiés ; la taille personnelle, toujours in-