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préparé dans l’intention de remédier aux désordres qui s’étaient introduits dans la fabrication des monnaies, sous les règnes précédents ; mais il annonçait un affaiblissement du titre des espèces. Le parlement, instruit à cet égard par l’expérience des temps passés, représenta tout ce qu’avait de funeste pour le royaume une pareille opération, qui ne profitait qu’aux étrangers. Ces raisons furent goûtées par le roi; et Sully, qui avait préparé l’édit, déclara que, loin de prétendre tirer profit des dispositions présentées, il n’avait eu en vue que l’avantage des peuples, qu’il se rendait aux observations du parlement, et qu’il retirait l’édit; que, pour remplir ses premières vues, il serait préparé un nouveau règlement, à la discussion duquel plusieurs membres du parlement seraient appelés[1].

Henri IV, pourtant, s’écarta en quelques circonstances de la promesse qu’il avait faite. Pressé, sollicité par les grands seigneurs et par les courtisans, il accorda trop fréquemment à leur importunité soit la création, en titre d’office, d’un grand nombre d’emplois inutiles, soit l’établissement de péages ou de taxes locales qu’il croyait de peu d'importance. La plupart de ces créations en faveur de particuliers n’étaient point vérifiées au parlement; mais les édits n’en devenaient pas moins, entre les mains de ceux qui les avaient obtenus, autant de moyens d’exaction sur le peuple et sur le commerce. Sully, dans différentes occasions, avait représenté fortement au roi les inconvénients de ces gratifications; mais il s’éleva avec fermeté contre l’établissement, en faveur du comte de Soissons, d’un

  1. Remontrances du parlement au régent en 1718.