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droit de quinze sous par balle de marchandises qui sortaient du royaume. Henri IV croyait n’avoir accordé qu’une gratification de trente mille livres. Lorsque son ministre lui eut démontré que le produit annuel du droit ne serait pas moindre de trente mille écus, il laissa il Sully la liberté d’empêcher l’exécution de ses ordres[1].

Ces erreurs tenaient plus à l’esprit du siècle et aux habitudes de la cour qu’au caractère du prince ; elles doivent être pleinement rachetées à nos yeux par la protection éclairée que Henri accorda à la navigation cet à l’industrie manufacturière.

Les étrangers avaient mis des droits d’ancrage assez considérables sur nos vaisseaux qui relâchaient dans leurs ports ; et le gouvernement avait tellement négligé d’user de représailles à leur égard, que leurs navires étaient employés en France préférablement aux nationaux. Henri IV sentit qu’une juste réciprocité était nécessaire pour écarter cette concurrence, préjudiciable au commerce français : nonobstant donc l’avis contraire de Sully, et l’opposition, cette fois peu judicieuse, des cours de parlement, le sage monarque ordonna d’exiger des navires étrangers les mêmes droits auxquels leur puissance avait assujetti les nôtres. Ce fut pareillement contre l’opinion de Sully que le roi appela des ouvriers étrangers, qui introduisirent dans le royaume la fabrication des tapisseries façon de Flandres et des toiles façon de Hollande. La France doit encore à la prévoyance de Henri IV la propagation de la culture des mûriers, et le rétablissement des manufactures d’é-

  1. Forbonnais, t. 1.