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dients non moins onéreux pour les peuples que pour l'état, et qui n’étaient profitables qu’aux traitants; la suppression du droit annuel ou de paulette, au moyen duquel les titulaires de ces mêmes offices en obtenaient la survivance héréditaire; la réduction des tailles à ce qu’elles étaient quarante ans auparavant l’abandon d’un tiers du prix du sel, et la réforme des receveurs et des autres officiers de finance. A cette dernière proposition le tiers-état ajoutait, au nom de la nation, l'offre de faire opérer par les villes le recouvrement de cet impôt et des autres subsides, et même d’en faire voiturer le produit jusqu’à l’épargne, à l’effet d’économiser les fortes taxations et les frais de transport que le gouvernement payait, et aussi « parce que, n’y ayant plus d'officiers royaux, il n'y aurait plus ni concussions ni frais abusifs contre les redevables ».

Armand Duplessis, évêque de Luçon, depuis cardinal de Richelieu, portant la parole au nom du clergé, se fit remarquer en s’élevant contre la vénalité et la survivance des offices, contre l'énormité des dons, des pensions et des dépenses de tous genres, véritable cause de la misère du peuple. « Il est clair, ajoutait-il, que leur élévation conduit à la nécessité d’augmenter les recettes, et que, plus on dépense, plus on est contraint de tirer des peuples, qui sont les seules mines de la France. » Cette conclusion exprime en peu de mots opinion établie dans les ordres privilégiés que la classe laborieuse devait supporter seule le poids des dépenses de l’état[1].

La noblesse et le clergé demandèrent et obtinrent en

  1. Mercure françois, année 1615, p. 405.