Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

édit donné au palais de Pistes, près Mantes, en 864, par Charles-le-Chauve, à la suite d’un concile, ou grand parlement, il est dite, au sujet du cens royal, que les Francs non exempts, qui sont tenus de payer un écu au roi, tant pour leur tête que pour leur case, ne pourront donner corps et biens aux églises, ni se rendre serfs. L’auteur de la vie de saint Sulpice, qui vivait sous le même roi, nous apprend que, de son temps, il y avait des asséeurs pour répartir avec égalité les impôts.

Avant le règne de Childebert, Chilpéric Ier, au nombre des exactions dont, à l’instigation de Frédégonde, il accablait sans distinction les serfs et les ingénus, avait exigé le tribut arbitraire d’une cruche de vin par demi-arpent de vigne[1]. Cette taxe ne fut que passagère, parce que les évêques, instruits de la misère des peuples par la révolte et les émigrations qui se manifestaient dans le royaume de Neustrie, persuadèrent au roi et à Frédégonde que la perte qu’ils avaient faite de leurs enfants était l’effet de la malédiction de Dieu, qui vengeait ainsi les opprimés. Chilpéric et la reine, effrayés, firent détruire les rôles, et rappeler les collecteurs des nouveaux impôts.

Probablement Chilpéric trouva des imitateurs dans les rois ses frères, qui avaient partagé avec lui la France. L'évêque Grégoire s’exprime en ces termes en parlant d’un Gaulois nommé Leudaste, que le roi Caribert venait de créer comte de Tours : « Leudaste est né dans une petite île du Poitou qui porte le nom de Cranne;

  1. Environ la septième ou, huitième partie d’un muid, suivant l'historien Mézerai.