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du conseil, afin qu’ils pussent retourner avec honneur et sécurité dans les provinces, emportant du moins la preuve quels surcharge qui menaçait le tiers-état n’était pas arrivée par la faute ou par la connivence de ses représentants.

Pour toute réponse on rappela aux députés qu’ils n’auraient pas dû s’assembler après la clôture des états généraux, et qu’il leur était défendu de le faire désormais. A quoi la reine-mère ajouta : « Il y a long-temps que vous êtes à grands frais et incommoditez à Paris : vous pouvez faire procéder à vos taxes et vous retirer dans vos provinces[1].  »

Enfin, dit un écrivain contemporain, les officiers de justice poursuivirent avec une telle fureur le rétablissement de l’annuel, qu’au lieu de l’édit qui allait prononcer la suppression de la vénalité, on publia un arrêt du conseil qui satisfaisait à leur exigence intéressée[2].

Du reste, les financiers ne furent pas troublés, ou s’ils devinrent l’objet de quelque disposition, la cour seule en eut le secret. On ne toucha pas aux pensions; et ceux qui gouvernaient au nom du jeune roi eurent si peu d’égard aux autres demandes des états-généraux et aux promesses qui venaient de leur être faites, que, presque dans le même temps, Concini fit créer cent offices de secrétaires du roi et trois places de trésoriers des pensions : ces dernières lui valurent un million. Le haut prix que l'on mettait à ces emplois était le résultat du désordre de l’administration et de la certitude

  1. Mercure françois, année 1615.
  2. Ibidem, et arrêt du 19 mai 1615.