Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/74

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1214. — En soudoyant les gens de guerre au lieu de se servir uniquement du ban et de l’arrière-ban, c'est-à-dire de ceux qui étaient tenus de porter les armes à leurs frais et dépens suivant ce qui s’était pratiqué sous les rois ses prédécesseurs, Philippe-Auguste cessa d'être dans la dépendance des grands vassaux pendant la guerre que termina si glorieusement la bataille de Bouvines, où furent complètement défaits les princes confédérés, qui avaient arrêté le partage de la France. Cette victoire, en mettant le sceau aux conquêtes précédemment faites, replaça la Normandie sous l’obéissance de nos rois, assura la réunion à la couronne des provinces d’Anjou, du Maine, de Touraine et de Berri. Sous ce règne encore le royaume s’était agrandi de l’Artois, et la fermeté du monarque avait rétabli les droits de la couronne dans les provinces du midi, qui la méconnaissaient depuis Charlemagne.

Par la création des grands bailliages ou bailliages royaux, auxquels ressortissaient les justices seigneuriales, Philippe resserra l'union que les affranchissements avaient établie entre la royauté et les communes, en offrant aux peuples un appui contre l'abus que les seigneurs faisaient de leur puissance; et des lois fixèrent pour la premières fois les droits des possesseurs de fiefs, et les devoirs des vassaux, que des usages arbitraires avaient réglés jusque alors[1].

1226. — Louis IX, son petit-fils, prince non moins valeureux que sage, eut d’abord à lutter contre les grands vassaux conjurés, que soutenait le roi d’Angle-

  1. Ordon. du Louvre, t. 1, p- 39.