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terre. Vainqueur de ses ennemis à Taillebourg (1242) et à Saintes, après avoir, par ses armes, soumis les feudataires à l’autorité souveraine, il voulut, par des lois nouvelles, opposer une digue aux prétentions tyranniques du régime féodal. Un code publié sous le nom d’Etablissements fixa et modifia les anciennes coutumes; et la fermeté impartiale du roi dans ses jugements fit respecter la justice par les seigneurs et la rendit chère aux peuples. Ramenant à la couronne les droits que, lui avaient reconnus les Capitulaires, mais dont elle avait perdu l’exercice, Saint-Louis restreignit le privilège de battre monnaie. Il exigea que les espèces fussent fabriquées au titre et au poids qu’il avait fixé; et, dans une assemblée de parlement, il se fit attribuer par les grands la connaissance exclusive de tous les délits concernant la fabrication.[1]

A ce bienfait le roi joignit celui de ramener l’équité dans l’usage et dans la répartition des tailles. Cet impôt était, à la fois personnel et foncier. Nul ne devait en être exempt que les nobles et les ecclésiastiques; mais ceux-ci même y étaient sujets pour les biens qui leurvenaient, à quelque titre que ce fût, d’individus non privilégiés. D’un autre côté, la maison que le gentilhomme n’occupait pas, les biens ruraux et les autres propriétés foncières qu'il donnait à bail ou à loyer, s’y trouvaient soumis, mais dans une proportion différente des biens en roture, d’où résultait la distinction en taille d’exploitation et en taille d'occupation; du reste la taille devait être répartie proportionnellement aux possessions des taillables, Elle ne formait point à cette

  1. Traité des monnaies, par Abot de Bazinghen, t. 1, p. 108.