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par des vues d'agrandissement que son ennemi exagérait; formèrent l’alliance formidable connue sous le nom de ligue d’Augsbourg. Sa conclusion fut signalée par une nouvelle prohibition que porta la Hollande contre les denrées du sol français, en représailles des droits qui venaient d’être rétablis sur les objets fabriqués dans ce pays. Dans cette guerre, la France, pour faire face à ses nombreux ennemis, déploya, pendant dix années, des forces navales formidables, et compta pour la première fois sur terre jusqu’à quatre cent cinquante mille hommes en cinq armées.

Pour subvenir aux frais extraordinaires occasionnés par cet immense déploiement de forces militaires, on se livra sans mesure à la ressource d’affaires extraordinaires. Leur détail n’offrirait qu’une longue et fastidieuse énumération d’aliénations de droits domaniaux ; d’émission de lettres de réhabilitation, de confirmation et de création de noblesse à l'encan, et de taxes sur les usurpateurs de cette même noblesse; d’emprunts en rentes perpétuelles ou viagères, tantôt ouvertement négociées ou réparties en forme d’imposition sur les villes, tantôt déguisées sous la forme attrayante de tontine; d'augmentations de gages et d’attributions héréditaires; tantôt, et le plus ordinairement, sous le titre de charges et d’offices. Toutes les professions, jusqu’au dernier degré, étaient transformées en charges pour de l’argent. Afin d’assurer le débit de tant d’emplois réels ou imaginaires créés sous tous les noms et sous toutes les formes, on y attachait, indépendamment des attributions lucratives et des immunités d’impôts, les prérogatives les plus flatteuses pour la vanité; et le ministre, qui trouvait une mine inépui-