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sable dans ces inventions ruineuses, s’en félicitait en disant au roi : « Toutes les fois que Votre Majesté crée un office, Dieu crée un sot pour l'acheter. »

A ces expédients, que chaque année voyait renaître, et qui profitaient plus aux traitants qu’au trésor royal, se joignirent d’autres ressources obtenues par les impôts, et une opération plus funeste à laquelle on donna le nom de réforme des monnaies. Ce moyen honteux, emprunté aux temps de la féodalité; et dont les peuples avaient acheté l’abandon par la permanence des subsides, offrait cette fois au fisc l'appât séduisant d’un bénéfice de dix pour cent sur la masse des espèces en circulation, que l'on évaluait à cinq cents millions. Les ministres, que n’avait pu éclairer la refonte opérée aux frais de l’état par Colbert, ne savaient pas reconnaître que ce bénéfice n'était que momentané pour le trésor, et qu’il se changeait en perte réelle pour la France : car, si, dans l’instant où l’épargne acquittait avec les nouvelles espèces des engagements déjà contractés, elle trouvait un profit à ce manque de foi, il cessait aussitôt après l’émission, puisque ces mêmes monnaies rentraient en paiement des impôts. Les particuliers et le commerce, au contraire ; supportaient tout le poids de la réduction dans les transactions habituelles et dans le taux du change avec les étrangers. Ces opérations ruineuses furent néanmoins continuées pendant le reste du règne de Louis XIV.

1689. - La première avait été précédée d’un édit qui ordonnait de porter aux hôtels des monnaies toutes les pièces d'argenterie qui excédaient le poids d’une once. Le roi donna l’exemple en dépouillant le châ-