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luma dans le pays ; Les bandes de paysans forcèrent plusieurs gentilshommes de marcher à leur tête, et emportèrent d’assaut la ville de Cahors, quoique défendue par deux bataillons. Le conseil, plus honteux qu’irrité de cette étrange sédition, resta sourd aux plaintes des traitants, dont-il avait reçu l’argent, et refusa de les protéger davantage, sans toutefois rapporter l’édit[1].

1692 - 1695. — Cette longue suite d’expédients ruineux, mais surtout l’affaiblissement des monnaies, avaient frappé de discrédit les opérations du gouvernement ; et l’esprit inventif des créateurs d’offices ne trouvait plus à s’exercer que faiblement. D’un autre côté, cette force irrésistible qui entraîne si promptement les comptables hors de la ligne du devoir, dès que la surveillance se ralentit à leur égard, avait fait négliger la tenue des journaux si soigneusement rétablie par Colbert. Malgré la présence des contrôleurs à titre d’office, l’obscurité s’introduisit de nouveau dans les descriptions, et fut encore une fois suivie du désordre et de la confusion dans les comptes. Les receveurs des tailles, alléguant la misère des redevables, qu’ils faisaient cependant payer en employant avec la dernière rigueur la voie des contraintes, n’acquittaient plus leurs obligations aux échéances, et faisaient valoir à gros intérêt l’argent de leurs caisses, dont ils privaient le trésor. De ce relâchement résultaient des débets si fréquents, que l’on s’habitua à les regarder comme un droit

  1. Édit d’octobre 1691 et Arrêt du conseil du 10 novembre suiv. — Nouveaux mémoires de Dangeau, publiés par Lemonley. — Forbonnais, année 1691.