Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 2.djvu/20

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scrupuleux observateur de sa parole que ne l’avaient été bien des rois en pareille circonstance, le monarque prononça la suppression du nouvel impôt. Cette fois encore le clergé, la noblesse, la magistrature, les classes les plus riches de la société, cessèrent de contribuer aux besoins de l’état en raison de leur fortune, dans le moment où le produit de leur contribution pouvait être si utilement employé pour la France, s’il eût été appliqué à la réduction de la dette perpétuelle, au rachat des aliénations, des gages, et à l’extinction de cette multitude d’offices nouveaux dont les titulaires formaient autant d’exacteurs. Sans ce moyen, avec des revenus embarrassés, et sans retranchement sur les dépenses, il était impossible de rétablir les finances. Quelques tentatives que l’on fit dans cette vue n’eurent aucun résultat sensible pour le trésor ni pour les peuples.

1700. - Trois ans après la conclusion de la paix, le montant des impôts levés au nom du roi était de cent dix-neuf millions; mais les charges, portées à cinquante millions, ne laissaient de disponible que soixante-neuf millions, et les dépenses excédaient cent seize millions. Dans le cours des dix années qui venaient de s’écouler, les affaires extraordinaires avaient cependant coûté à l’état cinq cent soixante-dix-neuf millions, dont un quart avait été absorbé par les traitants; et tel était le désordre de l’administration que même les comptes généraux du trésor pour les cinq années précédentes n’étaient point établis, et qu’ils ne purent jamais l’être. Dans cette situation, qui ne fut connue que long-temps après, mais qui suffisait seule