Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 2.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour causer la ruine de l’état, la France fut engagée dans une lutte plus longue encore et plus terrible que celle qui venait à peine de se terminer.

Charles II, dernier et faible rejeton du puissant Charles-Quint en Espagne, avait, en mourant, appelé à sa succession Philippe, duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV et de Marie-Thérèse, sœur du monarque espagnol. Au cas de refus de la part de la France, les offres qu’elle rejetait devaient être portées à Vienne. En acceptant, Louis XIV accomplissait le dessein formé par Henri IV pour l’abaissement de la maison d’Autriche, et dont Richelieu avait entrepris l’exécution; mais il attirait à la France une guerre certaine avec l’empereur, l’Angleterre et la Hollande, qui, dans un traité auquel le roi n’était pas étranger, avaient arrêté le démembrement de la monarchie espagnole, avant la mort de Charles II. D’un autre côté, le mauvais état des finances et le malaise des peuples, qui supportaient encore le fardeau presque entier des tributs imposés pour une guerre récemment terminée, semblaient devoir interdire une entreprise qui conduisait évidemment à de nouvelles hostilités. Cette considération était la plus puissante : elle n’arrêta pas le conseil; les véritables intérêts du royaume furent sacrifiés aux calculs trompeurs de la politique, et peut-être aussi à la satisfaction qu’éprouvait Louis XIV de voir les couronnes d’Espagne, de Naples, de Sicile et des Indes, réunies sur la tête de son petit-fils. Le duc d’Anjou fut proclamé roi, et, peu après, la guerre éclata.

Un nouveau contrôleur général pensa qu’il rétablirait les finances et le crédit en faisant restituer aux traitants une forte partie des bénéfices qu’ils avaient réali-