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ment des créances sur l’état. Déjà leur abondance excitait la défiance du public, lorsque le moment fixé pour le remboursement arriva. Dans l’impossibilité de satisfaire aux engagements, on crut modérer l’empressement des porteurs en élevant l’intérêt des billets à dix pour cent; mais peu de personnes voulurent profiter de ce bénéfice, et le remboursement s’effectua avec lenteur, moitié en argent et moitié en nouveaux billets de monnaie. La nouvelle émission frappa ces effets de discrédit; le commerce les refusa. Il fut aussitôt ordonné[1] que les paiements entre particuliers ne pourraient être faits ni stipulés que les trois quarts en espèces, et l’autre quart en billets de monnaie. En imposant cette contrainte, ou ne prit pas la précaution d’admettre ces billets dans une égale proportion aux caisses publiques; et comme les lois sont impuissantes sur la confiance, en peu de jours ils perdirent soixante-quinze pour cent. Dans le même moment, les fonds manquèrent pour le remboursement des capitaux de la caisse des emprunts, et le paiement des intérêts fut pareillement arrêté. Dix-huit mois s’écoulèrent sans que le gouvernement s’occupât de faire cesser cet état de faillite. Les négociants et les particuliers, porteurs d’effets qui représentaient pour eux des valeurs réelles, se virent livrés à toute l’exigence des spéculateurs. A la fin, on décida qu’il serait converti pour vingt-cinq millions de billets de monnaie en promesses des fermiers généraux à cinq ans, portant intérêt à cinq pour cent, et pour pareille somme en billets des receveurs généraux des finances. Cette substitution n’améliora pas les affaires.

  1. Arrêt du conseil du 29 octobre 1707.