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sur l’année suivante, joints à soixante-quinze millions de rentes et de gages hypothéqués sur les revenus, n’offraient qu’une somme libre de vingt millions pour faire face à des dépenses que l’évaluation portait à deux cent trois millions. Enfin, les fournisseurs, qui n’étaient point payés ou qui l’avaient été en papiers dépréciés, renonçaient à leurs entreprises; et, deux mois avant l’ouverture d’une campagne pour laquelle les alliés préparaient les plus grands moyens d’attaque, il n’avait été fait aucune disposition pour assurer soit les vivres, soit les fonds nécessaires aux remontes et aux recrues. Une telle situation paraissait sans remède, et il était à craindre que la France ne vit se réaliser les espérances des alliés, qui, pour triompher d’elle, comptaient moins sur la force de leurs armes que sur la détresse des finances. Telle en était l'affreuse situation, disait au roi un ministre, « qu’il ne croyoit pas qu’il y eût dans tout le royaume un homme sensé qui osât se charger de les administrer[1]

1708. - Dans cette crise alarmante, le roi appela au contrôle général M.Desmaretz, neveu et élève de Colbert. Instruit de l’état désespéré des affaires, et sans espoir de ressource dans le crédit, M. Desmaretz ne désespéra pas de la fortune publique: il eut le courage d’entreprendre cette administration difficile.

Persuadé que rétablir la liberté dans les transactions particulières et le trésor dans la jouissance de ses revenus était la seule voie de salut pour l'état, le minis-

  1. Mémoire de M. Desmaretz au régent - Comptes de Mallet.