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son port aux prises faites par les Barbaresques, suivirent de près la mort de Colbert. Ces expéditions, justes autant qu’utiles, puisqu’elles ne se dirigeaient que contre les ennemis du commerce français, étaient accompagnées d'agressions contre tous les états voisins du royaume; et le roi, qui cédait pour les entreprises militaires aux conseils de Louvois, continuait de se livrer sans contradicteur à son goût pour le faste et les bâtiments. Une disette ajouta à ces causes de dépenses, en forçant le gouvernement d’acheter des blés dans l’étranger; et la misère que cet événement porta dans les campagnes produisit l’embarras du trésor, en ralentissant la rentrée des impôts. Bientôt une mesure funeste que la résistance constante de Colbert avait éloignée, la révocation de l’édit de Nantes, allait faire éprouver des pertes plus sensibles à l’état, en le privant à la fois d’un nombre infini de familles laborieuses, de leurs capitaux et de leur industrie plus précieuse encore.

Soit, que les hommes qui succédèrent à Colbert méconnussent la sagesse des principes au moyen desquels ce ministre avait deux fois rétabli les finances, soit qu’il n’appartînt qu'à un esprit supérieur de faire un heureux emploi de ces principes, en apportant dans leur application les combinaisons et les méthodes qui avaient élevé les revenus, et trouvé dans les moments de besoin des ressources extraordinaires, sans rompre l’équilibre introduit dans les impôts, les plus saines maximes d'administration ne survécurent pas au grand homme qui les avait tracées. Les ministres qui y renoncèrent sans nécessité, entraînés bientôt par des