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dépenses. hors de proportion avec les ressources, retombèrent dans la routine des expédients dont l’expérience des temps antérieurs avait démontré les vices et les funestes conséquences et la France apprit qu’une fois encore les tributs allaient être mesurés non à la richesse mais à la patience des peuples.

Malgré la gêne que la disette avait répandue dans les campagnes, dans l’année qui suivit la perte de Colbert, les tailles et leurs accessoires éprouvèrent une augmentation de plus de six millions, et on ajouta aux dettes de l’état un million de rentes en augmentation de gages, et trois millions deux cent mille livres en rentes constituées au denier dix-huit. Afin d’assurer cette dernière opération, on eut recours à un moyen que les circonstances les plus impérieuses auraient à peine justifié : on proposa aux acquéreurs des rentes au denier vingt, créées du temps de Colbert, de les convertir au denier dix-huit, moyennant qu’ils prendraient part au nouvel emprunt, dont la constitution, par ce moyen, était réellement au denier seize. Ce dangereux exemple d’élever les intérêts d’une dette déjà constituée eut pour prétexte l’intention d’accorder un traitement égal à tous les sujets[1].

A ces coûteuses ressources succéda l'aliénation de quelques parties du domaine, mais à titre d’engagement et pour quatre années seulement; puis, un prêt obtint aux titulaires de charges et d’offices le renouvellement du droit d’annuel, dont l’acquittement conférait la survivance, mais sans distinction, cette fois,

  1. Forbonnais, armée 1684.