Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/233

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comme il est naturel, ce sont les moins élevés dans la hiérarchie bureaucratique qui se sont empressés de se rendre odieux. Chacun sait par expérience quel personnage est le modeste employé des postes et avec quelle attitude il convient de l’aborder si l’on veut obtenir de lui des menus services pour lesquels, nous autres, contribuables, l’appointons de nos deniers. Récemment, un citoyen impatienté des lenteurs d’un télégraphiste et qui lui avait adressé une épithète en somme assez douce, se vit condamner en simple police pour outrage à un fonctionnaire. C’est ce qu’il est permis d’appeler un comble. Le bureaucrate, payé par nous, et en outre, quatre fois sur cinq, chargé de recueillir dans nos bourses l’impôt, sous une forme ou sous une autre, est protégé par une sorte de loi de lèse-majesté. Jusqu’où notre complaisance ne fera-t-elle pas croître l’audace des successeurs que la démocratie a donnés aux « dîmeux » et aux « gabelous ».