Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/269

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de Frédéric Mistral, il excerce son ministère sacré en même temps qu’il poursuit ses rêves de jeunesse.

En offrant l’encens pur des louanges prescrites
À ce Dieu qu’il annonce et qui l’a protégé
Il vit transfiguré par la beauté des rites,
L’âme resplendissante et le cœur allégé.

L’abbé Le Cardonnel n’est pas, dans le groupe de ses anciens amis décadents, celui qui aura le plus mal terminé sa vie. Et l’histoire littéraire, qui n’oubliera pas tout à fait les symbolistes et leur entreprise — quelle qu’en ait été pour beaucoup la fin — retiendra peut-être en même temps le nom de Louis Le Cardonnel, d’abord parce que ses vers sont purs et puis parce que, entre les mystiques, il paraîtra comme le mystique le plus pur et le plus éprouvé.

Mystiques, ils le furent singulièrement, les poètes dont M. Le Cardonnel partagea la jeunesse. Que de chevaliers de rêve, que de princesses de songe,