Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/50

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Le choix de M. Charles Morice est fort bien exécuté. Son recueil m’a paru ne rien omettre d’important ni d’intéressant. Il y avait chez Théodore de Banville un poète plastique et un poète humoristique. M. Charles Morice leur a fait à chacun une part égale.

Eh bien, le poète plastique, avec sa mythologie brillante et glacée, est terriblement monotone. J’avoue que j’ai tourné d’un doigt de plus en plus négligent ces histoires de dieux et de déesses, ces rêves de Psyché, ces débauches d’ambroisie, ces pluies de roses, et tous ces beaux seins « veinés d’azur », et ces chevelures d’or, ces étoiles, ces cygnes et ces neiges… Tout doucement nous nous apercevons que l’antiquité romantique et parnassienne est aussi ennuyeuse que l’antiquité de la décadence classique. Leconte de Lisle devient illisible, à peu près comme le sont la plupart de nos poètes du XVIIIe siècle : et si « illisible » vous