Page:Bainville - Bismarck.djvu/132

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sens de l’apaisement et du progrès économique, n’a pas été déçu. Je fonde là-dessus l’espérance que le moment n’est plus très éloigné, où le règlement complet des questions financières permettra de procéder à l’évacuation complète du territoire français. »

M. de Gontaut-Biron ne fut pas long à comprendre le calcul qui inspirait cette politique à Berlin. Et ce qui est singulièrement à son honneur, c’est qu’il n’hésita pas à informer de sa découverte le chef du gouvernement dont il tenait sa mission et le ministre même dont il dépendait. M. de Gontaut-Biron correspondait fréquemment avec M. de Rémusat et avec M. Thiers. Avec des ménagements et des formules de politesse qui n’excluaient pas la fermeté, il leur indiquait la situation et leur traduisait l’état d’esprit que nous venons d’essayer d’exposer. Ses avertissements témoignent à la fois de sa franchise et de son intelligence. Il se reprocha même à un certain moment de n’avoir pas été assez énergique dans ses conseils. Ses Souvenirs sont plus affirmatifs : « J’avais souvent hésité à dire à M. Thiers et à M. de Rémusat les sentiments que j’apercevais dans les hommes de gouvernement à Berlin. C’est que j’avais peur d’être soupçonné de partialité,. Et pourtant, je le voyais aujourd’hui, si j’avais un reproche à me faire, c’était de ne l’avoir pas assez dit. La vérité était, — je l’ai mandé, — qu’on redoutait avant tout la révolution, une entente du gouvernement avec la gauche, qu’on se méfiait de la République. Je l’ai déjà constaté