Page:Bainville - Bismarck.djvu/137

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surveiller la politique de la Prusse, lui choisir ses ministres et ses alliés, empêcher la reconstitution de son armée et de ses forces : Napoléon favorisait les Haugwitz et les Lombard, dont la pusillanimité lui assurait la soumission et dont l’opposition aux réformes militaires servait exactement ses vues. Au contraire, il poursuivait de sa haine les patriotes réformateurs. Il exigeait de Frédéric-Guillaume III le renvoi de Stein et même proscrivait de Prusse le ministre de la résistance. Autant que son œuvre, cette persécution à désigné Stein, précurseur du soulèvement national de 1813, à la reconnaissance des Allemands, tandis que la préférence que leur accorda l’ennemi de leur patrie a couvert de honte, Haugwitz et Lombard. Les historiens de l’Allemagne contemporaine ne parlent d’eux qu’avec mépris. Car l’approbation de l’étranger reste comme une tache ineffaçable sur la mémoire des hommes d’État. Elle atteste invariablement qu’ils ont mal servi leur pays. Or, cette significative faveur du conquérant, les chefs républicains l’ont trouvée en France après la guerre. Placée par la défaite dans les conditions où Napoléon avait mis la Prusse, la France revécut la même histoire. Au jugement des plus modérés, il apparaît aujourd’hui que Thiers et Gambetta y ont joué le rôle des Lombard et des Haugwitz prussiens. Mais, par contre, quelle investiture, quel crédit reçoit la Monarchie française de là haine réfléchie et tenace de notre plus grand adversaire !

Ce n’est ni par plaisir de nuire, ni par une ran-