Page:Bainville - Bismarck.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces tentatives folles et prématurées on oublie le fléau napoléonien. Mais il ne tarde jamais à se rappeler au souvenir. Dans l’histoire de ce jeune prétendant qui risqua deux grosses parties et réussit brillamment la troisième, on voit l’origine des erreurs et des fautes dont le futur souverain fera porter le poids à la patrie. Entre un soulèvement militaire et une tentative de débarquement, il se grise des funestes doctrines qu’il appliquera avec entêtement lorsqu’il sera sur le trône. Ce prétendant tenait avec la même énergie aux deux lots qu’il avait trouvés dans l’héritage de son oncle : la couronne impériale et les idées napoléoniennes, c’est-à-dire révolutionnaires. Deux calamités à la fois pour la France : comme disait Proudhon, c’est trop d’une !

L’idée capitale du règne de Napoléon III, celle qui le caractérise, celle qui a amené tous les désastres dont les conséquences accablent aujourd’hui la France, ont changé ses destinées et assombrissent son avenir, c’est le principe des nationalités. Qu’un rêveur, d’ailleurs à demi étranger, que l’héritier du testament de Sainte-Hélène, qu’un jeune homme, formé en Allemagne et en Suisse et frotté de carbonarisme, ait pu consacrer son influence et ses forces à ce principe, rien que de naturel. Or tel fut, toute la courbe de son histoire le montre, l’éternel, l’unique moteur de la vie et de la politique de Napoléon III. Après Sadowa, après Sedan même, après l’unité italienne et l’unité allemande faites contre nous, après l’effondrement de son trône, il s’acharnera