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tanisme a déjà causé à la France. » L’anticléricalisme à masque patriotique devait en effet traiter comme un utile auxiliaire l’ancien ministre de l’Empire libéral qui lui rendait ce service. L’anticléricalisme devait profiter de cette occasion pour feindre un caractère national qui ne lui appartient pas.

M. Émile Ollivier a jadis défendu par une interprétation biblique son mot fameux du « cœur léger ». Est-ce avec la même légèreté que l’auteur de tant de discours et de livres sur l’Église et sur le Concordat a apporté ce secours aux auteurs de la séparation ? Toutes les déclarations que M. Ollivier a faites à des journalistes de Rome, de Vienne et de Paris, les commentaires et les polémiques qui ont suivi ces déclarations n’arrivent pas à démontrer que la question du pouvoir temporel ait été la cause de notre isolement en 1870. Ces polémiques n’accusent pas l’« ultramontanisme ». Elles accusent, au contraire, les hommes d’État et les écrivains libéraux, et la politique étrangère de l’Empire, inspirée et approuvée par eux.

D’après M. Émile Ollivier lui-même, la Triplice projetée contre la Prusse, — France, Autriche, Italie, — n’eût pas été assez forte pour empêcher le désastre. On s’étonne dès lors que la question ait existé encore pour lui. Puis il affirme que cette alliance était défensive : or c’est la France qui a déclaré la guerre. Enfin, et c’est là qu’il faut voir la clef de toute l’affaire, il prétend que, la Prusse eût-elle commencé les hostilités, M. de Beust « eût trouvé le moyen de