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vit l’archiduc visitant le dépôt de la guerre. « C’était, dit-il, un homme à lunettes, de tournure simple et modeste, qu’on n’eût vraiment pas pris pour le vainqueur de Custozza. » L’archiduc, ajoute le colonel Fix, écoutait tout ce qu’on lui disait « d’un air poli, mais avec la figure d’un homme qui espérait voir quelque chose de plus intéressant et se trouve déçu. Plusieurs d’entre nous étaient présents. Nous nous sentîmes navrés, surtout moi. » Le colonel Fix eut donc sur le vif l’impression que l’Autriche nous refuserait son concours parce que nous n’étions pas nous-mêmes en mesure de lui apporter une aide d’une efficacité suffisante. C’est pourquoi il ajoute à son témoignage ce très exact commentaire :

Lorsque le grand homme de guerre rapporta à son gouvernement qu’il avait vu une armée réduite en nombre, insuffisamment préparée et dirigée, celui-ci préféra à l’essai dangereux d’une revanche désirée, le parti plus sûr d’une neutralité dont la sympathie apparente a toujours mérité d’être suspecte. Et ce fut là la cause déterminante et probablement unique de notre isolement.

D’ailleurs, des communications nouvelles vinrent encore, pendant ces polémiques, détruire le roman d’une Autriche anticléricale. Le comte Fleury, fils de l’ancien ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg en 1870, complétait des faits déjà rendus publics par son père. Le général Fleury avait pu constater de ses yeux que la Russie considérait qu’une guerre malheureuse pour la France lui appor-