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bismarck

procher la cour plus aisément et par plus de côtés. À une fête, il obtint d’être présenté au prince qu’il devait si bien servir plus tard et qui lui montra également une fidèle affection. Le futur empereur d’Allemagne, alors prince héritier de Prusse, s’étonna seulement, en voyant Bismarck, « qu’un si robuste gaillard ne fût pas entré dans l’armée et que la justice exigeât de ses jeunes gens la taille de la garde royale ». Mais Bismarck ne se fâchait même pas qu’on le plaisantât sur ses fonctions, sans gloire et sans traitement, de stagiaire.

Il ne les occupa qu’un an. Un examen le fit entrer dans l’administration. C’était encore de la petite bureaucratie, un travail fastidieux, de la paperasse, mais aussi l’occasion d’apprendre des choses nouvelles et même de se pousser dans la direction nécessaire : Bismarck se fit nommer au gouvernement d’Aix-la-Chapelle, où se réglaient bien des questions de l’importante union douanière, — cette clef de l’avenir politique de l’Allemagne. Ainsi, par une voie détournée, Bismarck s’efforce toujours de parvenir à la carrière diplomatique. Ce n’est pourtant pas un ambitieux du genre ténébreux. Il aime tout, et particulièrement le plaisir. Le mot de Diderot sur Bougainville : « Il fit comme tout le monde : il se dissipa après s’être appliqué et s’appliqua après s’être dissipé », convient à cette période de sa vie. Aix-la-Chapelle, ville où l’on s’amusait en 1840, fut le lieu où le jeune Bismarck mena l’existence la plus désordonnée. Transféré au gouvernement de Potsdam, il comptait y continuer sa