vie joyeuse, lorsqu’il fut surpris par une désagréable révélation : son père et sa mère, à force de légèreté et d’inattention, de mondanité et de bel esprit, avaient compromis leur patrimoine. Le jeune Otto avait vécu jusque-là insouciant et riche. Il se trouvait subitement aux prises avec les plus ennuyeuses difficultés. Dans cette circonstance, dit son biographe, « son caractère fortement trempé se montra dans tout son élan d’énergie : il fit face aux difficultés et, avec la rapidité qui devait plus tard « assurer sa force, il prit des décisions viriles ». C’était l’année où il devait accomplir son service militaire. Il quitte la garde royale de Potsdam, où la vie est coûteuse. Il se fait incorporer dans un régiment de petite ville. Dans ses loisirs, il lit, il complète son instruction, il s’initie à l’économie rurale. Son service fini, il est prêt à prendre en main la gestion des biens de famille si maladroitement compromis par son père.
On ne peut nier que Bismarck ait eu de là chance, même dans les occasions où la fortune semblait le desservir. Peu d’éducations d’homme public pourraient être plus complètes. À vingt-quatre ans, il a déjà traversé la magistrature, l’administration, l’armée, sans compter les mondes les plus différents. Il s’est révélé homme d’action en ceci qu’il ne s’attarde à rien et que les années semblent doubles pour lui à l’usage qu’il en fait. Voilà que des revers de fortune semblent devoir arrêter sa carrière. Nullement. À faire valoir son modeste domaine poméranien, il va mieux s’armer pour les luttes