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Page:Bainville - Bismarck.djvu/261

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naires. La France démocratique est affranchie de leurs inquiétudes. Ces vils intérêts matériels et politiques ne l’occupent pas. On reconnaît ici la théorie de la guerre des classes, la théorie de M. Gustave Hervé.

C’est la même théorie, mais avec le ton cagot en plus. Car M. Ernest Denis se soucie encore moins du prolétariat que de l’idéal, de la moralité supérieure de l’humanité et du sens mystique de l’histoire universelle. Les intentions l’intéressent plus que tout. Avec la patience, le scrupule et l’habileté du Torquemada romantique, il cherche au fond des consciences les tares et les impuretés. Il y a un bel exemple de cet esprit casuistique et inquisitorial dans le parallèle qu’il établit entre l’âme autrichienne et l’âme prussienne.

Pour M. Denis, ce n’est ni la politique de Bismarck ni l’effort héréditaire des Hohenzollern, ce n’est ni le fusil Dreyss ni la stratégie de Moltke qui ont décidé de la victoire à Sadowa. C’est le protestantisme, la liberté de conscience et l’individualisme qui sont vainqueurs de Rome, du catholicisme et du principe d’autorité, « c’est Luther et Kant qui l’emportent définitivement sur Canisius et Lamormain ».

Mais le luthéranisme et le kantisme de la Prusse ne satisfont pas encore complètement M. Denis. Il y découvre des lacunes et des scories. M. Ernest Denis, se voyant dans l’impossibilité de nier que les institutions monarchiques de la Prusse, la discipline de ses armées, son bon armement, son entraîne-